René Guilly (1921-1992)


La revue Renaissance Traditionnelle a publié un numéro double monographique consacré à son fondateur, René Guilly, le franc-maçon qui est à l’origine de la renaissance du rite des Moderns en France[1].René Guilly a été un maçon traditionaliste, qui aimait l'histoire et l’histoire maçonnique, essayait de la connaître et de la comprendre, et croyait que la Tradition maçonnique véritable n'appartient nullement au passé et qu’elle est totalement vivante.

Ce n’est pas seulement le côté maçonnique de sa vie qui est examiné dans ce numéro monographique, mais ici c’est à cela qu’on va s’intéresser, notamment à la contribution de Paul Paoloni, intitulée « Aperçus sur l’œuvre maçonnique de René Guilly (1921-1992) », ainsi qu’à celle de Bernad Dat, intitulée « Voyages, voyages... », qui retrace les voyages maçonniques de Guilly en Suisse et en Irlande.

René Guilly (1921-1992), avec les décors de maître maçon selon le rite anglais, Londres, 1970. Cette photographie remonte aux débuts des années 1970 et a été prise à Londres, dans les jardins du n. 104 Maida Vale, où siégeait alors l’ordre de la Franc-maçonnerie mixte, ancienne et acceptée.

Le premier de ces deux essais (pp. 56-113) retrace l’action maçonnique de René Guilly au cours des années 1950-1980 et il est particulièrement intéressant pour nous car il fait l’historique de la naissance et du développement du rite qui fut appelé à ses débuts Rite Moderne Français, à partir de l’annonce de la parution en 1961 de son travail intitulé La position des Colonnes du Temple e l’ordre des Mots sacrés du 1er et 2ème degré (p. 65).

Le nouveau rituel, finalement appelé « Rite Moderne Français Rétabli », faisait référence dans son intitulé au rite pratiqué par les franc-maçons anglais qui ont fondé à Londres en 1721-1723 la franc-maçonnerie dite spéculative, qui seront qualifiés de Moderns par les francs-maçons irlandais arrivés vers 1750 et se qualifiant eux-memes d’Antients. L’adjectif « Français » faisant référence à sa pratique en France lorsque ce rite fut importé de la Grande Bretagne sur le continent et traduit en langue française ; le mot « Rétabli » pour indiquer que ce rituel avait été rétabli grâce à un travail d’enquête et de reconstruction historique du rite original à partir des textes et des témoignages disponibles. Ce travail de reconstruction a été effecté par René Guilly au sein de la Loge du Devoir et de la Raison, du Grand Orient de France à Paris. Constatant l’impossibilité de convaincre les Frères du GODF de prêter serment sur l’Evangile de St Jean, René Guilly, qui entretemps a été aussi reçu CBCS au RER, donne les démissions du GODF en 1964 et se tourne vers la GLNF-Opéra, où il présidera pendant quatre ans la Loge Les Forgerons du Temple n. 52, qu’il avait convaincu le 28 octobre 1961 de changer de nom pour s’appeler Jean-Théophile Désaguliers n. 52 et pratiquer le Rite Moderne Français Rétabli. Dès 1962 il envisage la création d’un Souverain Chapitre Français portant le même nom et pratiquant le quatre Ordres du Rite. C’est à ce moment qu’intervient dans l’histoire le Frère hollandais Henri Van Praag, Très Sage en 1940 du Chapitre « De Roos » à Medan, ouvert de nouveau pour l’occasion (p. 74), qui procéda d’abord à la réception de six Frères français au IVème Ordre, les 31 mars et 27 octobre 1963 à La Haye, et ensuite à l’installation du Chapitre Français Jean-Théophile Désaguliers n. 1 à Paris le 30 novembre 1963. Mais Jean van Win a démontré que « jamais les Hauts Grades des Pays Bas ne travaillèrent selon le Rite Moderne Français, bien qu’ils se soient constitués par analogie avec ce système, mais il ressort aussi que jamais patente ne leur fut accordée par le Grand Orient de France. »[2]

La correspondance entre Guilly et Van Praag concernant ces événements est citée et reproduite (pp. 75-83), et c’est la publication de ces documents qui rend ce dossier si intéressant, même si la transmission du rite n’a donc pas pu avoir lieu, en dépit de la belle et émouvante histoire qui nous est racontée dans ces pages.

La relation entre René Guilly et Henri Van Praag va ensuite continuer en 1975 avec leur participation conjointe à la création du Suprême Conseil Mixte de France de REAA, dont ils deviendront membres (pp. 86-87). L’activité de René Guilly va continuer dans d’autres rites et d’autres Obédiences (comme la Loge Nationale Française), ainsi que la création de la revue Renaissance Traditionnelle. Deux Annexes (pp. 106-113) sont consacrés à la correspondance maçonnique de René Guilly, avec la reproduction d’une lettre à Van Win du 14 décembre 1991 et des pages des cahiers des comptes rendus du Collège Métropolitain de France. La publication de documents continue dans l’essai de Bernar Dat « Voyages, voyages... », avec la correspondance concernant le voyage à Zurich en 1979 à l’occasion du bicentenaire du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie du RER et ensuite à Dublin en 1988, pour une expertise de manuscrits français appartenant à la Grande Loge d’Irlande, avec de nombreuses photos du voyage.

 

Fabrizio Frigerio, Vème Ordre, Grade 9

Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Moderne pour la Suisse

Membre Honoraire du Grand Chapitre des Chevaliers Rose-Croix du Portugal

Membre de l’Académie du Vème Ordre de l´UMURM



[1] René Guilly (1921-1992), En quête des « vraies richesses » de la franc-maçonnerie, N. 201-202, janvier-juin 2022, 160 pages.

[2] Histoire du Chapitre néerlandais de Rite Moderne Français « De Roos », 8 novembre 2011.

 


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