La correspondance entre René Guilly et Jean van Win

La correspondance entre René Guilly et Jean van Win

La revue Tradition(s) (revue des Ordres de Sagesse du Grand Chapitre Général Opéra) a publié un numéro hors-série consacré à René Guilly, le franc-maçon qui est à l’origine de la renaissance du rite des Moderns en France[1].

René Guilly a été un maçon traditionaliste, qui aimait l'histoire et l’histoire maçonnique, essayait de la connaître et de la comprendre, et croyait que la Tradition maçonnique véritable n'appartient nullement au passé et qu’elle est totalement vivante.

Ce n’est pas seulement la correspondance entre Guilly et van Win qui est examinée dans ce numéro monographique, mais c’est à cela qu’on va s’intéresser en particulier ici ; sans oublier toutefois de mentionner les contributions de Paul Paoloni, « René Guilly et le réveil du Rite Français » (p. 13-15) et de Roger Dachez, « René Guilly, l’homme, le projet » (16-24). Le premier de ces deux essais reprend en le simplifiant un texte qui avait déjà paru dans la revue Renaissance Traditionnelle[2] et qui retrace le rôle du Frère hollandais Henri van Praag, Très Sage en 1940 du Chapitre De Roos à Medan, qui procéda d’abord à la réception de six Frères français au IVème Ordre, les 31 mars et 27 octobre 1963 à La Haye, et ensuite à l’installation du Chapitre Français Jean-Théophile Désaguliers n. 1 à Paris le 30 novembre 1963. Mais Jean van Win a démontré à ce sujet que « jamais les Hauts Grades des Pays Bas ne travaillèrent selon le Rite Moderne Français, bien qu’ils se soient constitués par analogie avec ce système, mais il ressort aussi que jamais patente ne leur fut accordée par le Grand Orient de France. »[3] Le second retrace l’action de René Guilly par un Frère qui l’a connu et assidument fréquenté pendant quelques années, dans le but de montrer « a quel point son travail fut déterminant pour que la franc-maçonnerie, dans notre pays, récupère – parfois avec grande difficulté – des pans entiers de sa tradition alors en grande partie perdue. » (p. 16).

Le rituel mis au point par René Guilly au sein de la Loge du Devoir et de la Raison, du Grand Orient de France à Paris, qui est appelé aujourd’hui « Rite Français Traditionnel », fut d’abord appelé « Rite Moderne Français Rétabli », faisant ainsi référence dans son intitulé au rite pratiqué par les franc-maçons anglais qui ont fondé à Londres en 1721-1723 la franc-maçonnerie dite spéculative, qui seront qualifiés de Moderns par les francs-maçons irlandais arrivés vers 1750 et se qualifiant eux-memes d’Antients. L’adjectif « Français » faisant référence à sa pratique en France lorsque ce rite fut importé de la Grande Bretagne sur le continent et traduit en langue française ; le mot « Rétabli » pour indiquer que ce rituel avait été rétabli grâce à un travail d’enquête et de reconstruction historique du rite original à partir des textes et des témoignages disponibles. Devant l’impossibilité de convaincre les Frères du GODF de prêter serment sur l’Evangile de St Jean, René Guilly, qui entretemps a été aussi reçu CBCS au RER, donne les démissions du GODF en 1964 et se tourne vers la GLNF-Opéra, où il présidera pendant quatre ans la Loge Les Forgerons du Temple n. 52, qu’il avait convaincu le 28 octobre 1961 de changer de nom pour s’appeler Jean-Théophile Désaguliers n. 52 et pratiquer le « Rite Moderne Français Rétabli ». Dès 1962 il envisage la création d’un Souverain Chapitre Français portant le même nom et pratiquant le quatre Ordres du Rite. C’est à ce moment qu’intervient dans l’histoire le Frère hollandais Henri van Praag.

La correspondance entre Guilly et van Win est reproduite aux pp. 35-61, et c’est la publication de ces documents qui rend ce dossier particulièrement intéressant, même si la transmission du rite n’a donc pas pu avoir lieu, en dépit de la belle et émouvante histoire qui nous est encore une fois racontée dans ces pages par Paul Paoloni.

La relation entre René Guilly et Jean van Win ne fut pas exclusivement épistolaire[4] (sont reproduites ici les lettres échangées entre 1989 et 1992, dont les originaux ont été remis par Jean van Win le 30 avril 2022 à la GLTSO[5]) et dans son introduction Jean van Win raconte les circonstances de sa première rencontre avec René Guilly le 20 avril 1989. Cette rencontre eut lieu grâce au Frère René-Jacques Martin, Très Sage du Chapitre de Lille La Rose et le Lys, qui lui donna les cordonnées de René Guilly à Paris.

En retraçant l’histoire du Chapitre belge Le Prince de Ligne Jean van Win, qui en a été le Très Sage, fait aussi celle du retour du « Rite Français Traditionnel » en Belgique.


Fabrizio Frigerio, Vème Ordre, Grade 9

Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Moderne pour la Suisse,
Membre Honoraire du Grand Chapitre des Chevaliers Rose-Croix du Portugal,
Membre de l’Académie du Vème Ordre de lUMURM.

[1] La correspondance entre René Guilly et Jean van Win, N. Hors-Série, mars 2024, 64 pages.

[2]« Aperçus sur l’oeuvre maçonnique de René Guilly », Renaissance Traditionnelle, no 201-202, janvier-avril 2022.

[3] Histoire du Chapitre néerlandais de Rite Moderne Français De Roos, 8 novembre 2011.

[4] La lettre de Réné Guilly à van Win du 14 décembre 1991 a déjà été reproduite dans les Annexes (pp. 106-113) consacrés à la correspondance maçonnique de René Guilly dans la revue Renaissance Traditionnelle.

[5] Photo de la remise au Grand Maître Philippe Meiffren  à la p. 62.

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