Des choix de la Spiritualité

 

Des choix de la Spiritualité

Voir que tu construis une cathédrale en taillant une pierre est spiritualité ; chercher la Vérité au tréfonds de l’Univers, aussi. 

Esprit, âme, raison, conscience?

Mon compas trace large ouvert, mes bras, aussi.

L’Esprit[1], est la vie qui s’est rendu compte qu’elle est.

Sentients, capables de nous examiner et de juger, nous sommes notre esprit, notre âme, comment se passer de ce mot ?

Cette entité consciente de soi, est impalpable à ce jour. Est-elle faculté, fonction de la matière vivante, phénomène vécu ou essence immatérielle, étincelle de souffle divin ? La dispute va continuer, longtemps... 

Certes, notre esprit n’est pas chose fabriquée il est né. Pareil au vivant dans lequel il habite - qui donne naissance à la nouvelle vie – il crée ce qui n’était pas avant et il agit [2]. Sur Terre, seul l’esprit est donneur de noms[3], faiseur des langues et d’art.

Mon souffle vital, pneuma, anima, âme, psychisme, « vie mentale », est-il périssable ou immortel ? Accordé par la Divinité ou surgi de l’évolution de la Matière ? Je ne le sais… le fait est que nous ressentons cet état, nous sommes cet état sans pareil. Nous éprouvons, chacun, directement, à la première personne, le goût de ce qu’est être sciemment quelqu’un[4], sentir joie et douleur, juger, vouloir, désirer… Sans lui nous ne sommes personne.

Il y a vie de l’esprit si en notre for intérieur ont cours des sentiments et des valeurs, des vertus, des doutes et des convictions, l’action, l’humilité, des devoirs et libertés. Une vision du monde et un espoir peuvent s’appeler déjà spiritualité. A l’opposé, les machines sont des engins fabriqués de substances mortes, leurs algorithmes purgés n’ont rien d’une spiritualité, seulement la vie en est capable. La vie de l’esprit seule, fait de nos filiations de mortels des histoires de vie uniques et irremplaçables plutôt que des chaînes d’élevage et de production. C’est la vie seulement qui est douée d’espérance, d’idéal, de pardon et de promesse. La vie et la société des humains.


Tout ceci émerge naturellement de l’univers matériel ? Peut-être. Pourtant, cette vie de l’esprit est une chose qui, dans les limites de nos connaissances, ne se trouvait pas dans la Nature sans nous ; les idées ont généré la transfiguration de notre espèce et du monde... Il me semble raisonnable de considérer l’unicité de ce « phénomène ».


Pour la raison sèche, la spiritualité reste une subjectivité, une illusion, voir, une superstition. Ceci me semble déplorable, car ce qui désenchante le monde – même la vérité scientifique quand elle est exclusivement de la matière inerte, des abstractions et des machines – assèche la spiritualité et dégrade l’humain. Par des méthodes qui nient l’existence de ce qu’elles n’ont pas prouvé et mesuré, rien ne reste en main en dépeçant le comportement et le corps afin de contrôler s’il y a l’esprit. Pour citer Goethe (en original, car il est mal traduit) :

„Wer will was Lebendig's erkennen und beschreiben,
Sucht erst den Geist heraus zu treiben,
Dann hat er die Teile in seiner Hand,
Fehlt leider nur das geistige Band.“
[5]

 “Qui veut déceler et décrire le Vivant/cherche se défaire de l'Âme avant, /puis, bien en main sont les parties, / hélas, manque juste le Lien - l'esprit.”

Nier l’existence de l’esprit, dégrade l’homme.

Vie spirituelle, spiritualité, intellect, religion ? Humaniser le chaos.

Il y a aussi un brin de spiritualité en tout savoir, même intuitif, en tout symbole ou métaphore, mais parler, connaitre et expliquer n’est pas tout. Une étincelle d’esprit vit en chacun de nous, connaissante, éveillée et sensible, pourtant, pour affirmer une vie spirituelle, il faut comprendre l’émerveillement, notre propension historique à enchanter le monde en lui attribuant signification et destinée.

La spiritualité est encore plus que ceci, bien entendu ; c’est l’esprit des humains réunis en civilisation, quand ils osent et se surpassent, de mille manières, vers des théories et idéaux qui transcendent la matérialité vulgaire ; que ce soit par le savoir compris ou par la foi, le mystère ou la raison, par l’intuition, par le génie, par le sacrifice, par la musique, par la découverte et le culte de la vérité, par l’extase ou les mathématiques… pourquoi pas. On vit notre spiritualité de diverses manières, solitaires ou ensemble. Par la méditation, l’extase, par la prière, par un satori ou une révélation, ou en comprenant soudainement, en exclamant « Aha ! Eureka ! » … On exprime la spiritualité par une diversité de symboles et rituels, par des cérémonies, mais aussi par l’appartenance, le vécu et le faire de chacun ; le travail bien fait, la pierre bien polie, l’œuvre inspirée, l’art vécu, la pensée selon la méthode scientifique ou la philosophie.

Notre monde ainsi enchanté ou expliqué, nous devient compréhensible, cohérent, prévisible, digne, porteur d’espérance. Pour parler vraiment de spiritualité, l’essentiel est ce que l’être pensant éprouve, croit et fait du vécu, du savoir et des idées, pas seulement ce qu’il sait…

La raison de la spiritualité est d’apporter humanité et harmonie dans le chaos.

L’abondance éphémère, la somme de tous nos esprits ici sur Terre – la Noosphère[6] - englobe l’ensemble des vies mentales de l’humanité, vécus émotionnels et moraux inclus. Leur mémoire collective survit à la mortalité. Naturellement. Une partie de ces trésors se garde dormante, inscrite dans des livres, les édifices les outils et les arts. Une autre partie, vive, habite nos vies mentales, nos souvenirs, les langues et les coutumes des nations. Elle circule par notre communication. Le tout se perpétue à travers les générations, par les traditions, par les sagesses, les spiritualités et les savoirs, les cultures, les civilisations.

De sa rencontre avec la réalité[7], la société de Homo Faber extrait connaissance et pouvoir, mais elle y rajoute sens et valeur. Ainsi seulement, l’esprit éveillé de la vie devient véhicule et contenant d’une vie spirituelle.  

Car l’Humanité, comme la Vie, apporte à l’Univers aveugle, qui s’ignorait, sens et formes qui n’y étaient pas et qui, sans l’Homme, disparaîtraient. Sur la « Nature telle qu’elle est », l’homme décalque ses significations, ses mesures, ses façons de comprendre et l’expression de ce que les choses valent pour nous humains. L’Homme apporte ses manières de vivre et de gérer son monde, avec des outils spirituels qui ne se trouvaient pas dans la matière sans lui : la Raison et le savoir, la Méthode Scientifique, mais aussi la compassion, l’espoir, la foi transcendante, la morale, la responsabilité, l’esthétique. L’homme apporte ses questions, son « Pourquoi pas ? », la tristesse, le regret et le rire, la fidélité et la trahison, la solidarité et le rejet. L’homme apporte les mots et avec eux l’outil de la vérité, du mensonge et de l’art. D’où viennent le non-être, les mathématiques, l’Utopie, le Bien et le Mal, la Beauté, sinon de l’esprit ? L’homme invoque et honore, il discerne et célèbre le sacré. L’homme institue des symboles et des vérités morales, invente des formes nouvelles et s’empare de forces démiurgiques capables de donner forme ou, au contraire, de transformer, de déformer ou tout détruire.

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L’Esprit intelligent, dès qu’il s’éveille, devient cause. Par anticipation, l’intellect est capable de décider à l’envers du temps, depuis un avenir imaginé, depuis ce qu’il croit ou calcule, vers l’ici et maintenant, pour former son intention et agir. Ainsi, une religion ou une doctrine peuvent devenir un empire sur Terre. Par ce pouvoir, avec ses choix, l’esprit, le penseur, le croyant, deviennent initiateurs et responsables. Ils débutent des cours d’action nouvelle, ils façonnent les substances, organisent, inventent et procèdent à rendre réels des outils puissants, des œuvres et des sociétés tels que le monde « devrait être » d’après notre point de vue humain. Un monde potentiellement bon, beau, vrai, juste, sage, généreux, fraternel, sacré. Ou l’inverse. Pour le meilleur et pour le pire. Car la spiritualité peut servir autant la vie que la mort, génératrice ou dévastatrice, humaniste ou antihumaine[8].

Tout ce qui est spiritualité n’est pas nécessairement bon.

On est justifié de dire qu’on a une vie spirituelle quand l’aspiration de vivre, comprendre et de faire embrasse autre chose en plus d’un Univers exclusivement mécanique et biologique, fait de substance, énergie, information, déterminé sans liberté, par des causalités réduites à la physique et aux autres sciences « exactes » L’être humain et sa société ont un besoin inné de vivre plus haut, de croire et révérer quelque chose, même une utopie.

« Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves…»[9]

La vie de l’esprit devient spiritualité… pourvu qu’on la respecte

Tout commence humblement : ma spiritualité s’éveille quand que je me demande pourquoi je vis, pourquoi je suis né, moi et pas un autre, à quoi je sers[10]. Quand je comprends que je ne comprends pas et je suis curieux de ce dont je suis ignorant au lieu d’en être fier. Quand je m’étonne et je m’émerveille. Quand je me passionne pour des idées. Quand je pose des questions, surtout « Pourquoi ? ». Quand je doute. Quand je découvre quelque chose qui change ma vie comme une nouvelle lumière. Quand je ressens l’enchantement et l’altruisme. Quand des actions ont sens pour moi, pas seulement cause ou utilité. Quand je me construis une citadelle intérieure à l’instar de Montaigne ou de Goethe. Quand mes pensées sont belles. Quand je veux devenir meilleur.[11]

J’exerce ma vie spirituelle quand, scientifique ou mystique, je réfléchis au-delà de mon corps, de ma survie animale et sociale, de mes intérêts et plaisirs et de la souffrance primaire, la chair et les os. Je la vis quand je ressens comme une attirance les limites de ce que je suis et sais, de mon savoir et de mon ignorance aussi. Ceci m’enrichit sans cesse, l’ennui est impossible. J’attends de ce monde intérieur passionnant qu’il me guide et me soutienne d’espoir durant mon voyage par la grande forêt du connu et de l’inconnu, même par-delà de la mort. Avec ma spiritualité, je ne suis jamais seul.

Je crois que s’ennuyer souvent signale le manque de spiritualité.

La face visible de la spiritualité, qu’elle soit laïque ou religieuse, nous la pratiquons sous forme de rituels et de cérémonies. C’est une multitude de rituels, gestes symboliques et communions - quotidiennes ou sacrées.

Toute activité humaine importante acquiert avec le temps une valeur symbolique et tend à se ritualiser.

Une pluralité de spiritualités – Un jardin d’échelles vers le plus haut

Dans mon opinion, la spiritualité est ainsi la vie de l’esprit – ce souffle si léger que la Science d’aujourd’hui n’arrive pas encore à le saisir ou le mesurer[12] – quand elle se hausse et se dépasse, que ce soit par le savoir, par la raison, par l’intuition, par le talent, par la foi, par l’émotion, par la découverte ou la révélation si vous voulez. On la vit de mille manières, par des évènements révélateurs et des rituels sociaux ou religieux, des cérémonies ou spectacles ou par la méditation, par l’extase, par la musique[13]... On la vit aussi par la vocation et par l’œuvre ; qui va nier qu’il y a une spiritualité du travail, de l’ouvrier et de l’œuvre, de la chose bien faite, inspirée, qui rejette la médiocrité au service de ce qui est plus haut ?

Dire qu’il y a une seule manière de s’élever spirituellement, la seule spiritualité vraie et exclusive, devient souvent un aveuglement totalitaire ou un mensonge.

Inévitablement, par la pluralité de modes de vie, d’intelligences et de domaines, il y a plus qu’une spiritualité : l’Humanité a ses intelligences et ses mentalités dissemblables, qui ressentent et comprennent, qui savent et croient avec des différences irréductibles. Ces Weltanschauungs, agissent pour concevoir et pour changer le monde à leur image. La spiritualité des Hommes ici sur Terre[14], on l’a observée en une multitude de formes, contemplatives ou actives, des progressions du savoir et de l’imaginaire qui ont évolué du temps des cavernes à nos jours[15]… L’Histoire, la Civilisation, la Terre transformée par l’Anthropocène, la condition humaine, en résultent, toutes œuvres de notre esprit.

Comparer et mettre en hiérarchie les voies de spiritualité n’est pas raisonnable, car elles sont plurielles et ceci veut dire incommensurables. Parfois incompatibles. On peut rêver les réduire l’une à l’autre en imposant un seul critère de vérité, de réalité ou de mérite. Elles correspondent à des domaines de vie différents. Elles suivent des intérêts différents. Quelle absurdité de se faire arbitre unique dans ce jardin d’échelles vers le plus haut, autant de voies d’élévation !


Non seulement il y a plusieurs voies[16], mais souvent, en la même personne, on en observe plus d’une à l’œuvre ; rien n’empêche le grand savant d’être grand croyant ou mystique, le poète d’être religieux ou athée, le danseur d’élever le corps à l’idée et au sacré. Rien n’empêche le prêtre d’être dédié à la Méthode Scientifique – savant qui consacre sa passion à la science ou à l’art. Rien n’empêche l’athée d’être grand érudit, même scrupuleux théologien, qui réfléchit et agit de bonne foi au service de la spiritualité. La largesse d’esprit permet la coexistence dans la pluralité.

Pourtant, respecter cette altérité requiert tout d’abord s’ouvrir l’esprit, concevoir qu’il y a inévitablement des choix de la vie de l’esprit. Ce sont des portes et des voies ouvertes à la liberté autant de conscience que de croyance et à la dignité de l’homme, au respect de soi mais aussi d’autrui. On y a tous droit, le progrès spirituel de la Civilisation les a inscrits dans les Droits de l’Homme, de pair avec la recherche du bonheur.

Il y a la spiritualité du visionnaire, du poète, de l’écrivain, qu’on ne peut pas distiller à une seule quintessence ; Homère, Lucrèce, Ovide, Victor Hugo, Byron, Shelley, Shakespeare, Schiller… enfin un Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Apollinaire, portent chacun leur spiritualité complexe. Des chefs-d’œuvre - je pense à des auteurs du calibre de Rabelais, Goethe, Tolstoï, Thomas Mann, Hermann Hesse… ou George Orwell - suscitent des vues du monde qui éduquent l’humanité [17], qu’elles soient religieuses ou non. On ne va pas leur nier la spiritualité quand ils pensent autrement.


Que dire de la voie du guerrier, du Hagakure des samouraïs, des Arts de la Guerre de Sun Zi sur leur arrière-fond de Tao-te Ching, du tout faire par le vide et le non-faire?

Des génies de la guerre dont on ne se souvient pas car ils étaient parfaits, ou d’autres, sanguinaires, comme Alexandre le Grand, Gengis Khan, Bélisaire ou Napoléon… n’ont-ils pas vécu selon une spiritualité machiavélienne du conflit, de la conquête et de la victoire, une mentalité de la domination qu’on ne peut pas nier ou négliger ? Les Marines, la Légion Etrangère ont leur esprit de corps, bien authentique. Dans leur training on se croirait en rituel d’initiation. Une spiritualité du devoir, du courage, de la camaraderie, de la loyauté jusqu’à la mort.

Il y a dans le yin et yang de l’univers conçu un pôle contemplatif – la méditation ou l’extase mystique, l’enthousiasme ou la sérénité, le faire par le non-faire... Il prend distance ou se confond avec l’Univers et ainsi il se lève au regard d’en haut, du dedans, en dedans. Avec ou sans dieux. Pour vivre après la mort ou pour se dissoudre dans le Tout.

Les arts, partis en timides ébauches de manifestation spirituelle, puis servants des religions et des potentats, se sont métamorphosés au cours de l’histoire en porteurs de spiritualité à part entière : Leurs formes et images, le jeu des symboles et des couleurs, leurs mouvements, leurs sons harmoniques, leurs rythmes, moulent les émotions et le vécu des peuples. Chaque art apporte sa langue et sa sensibilité propre pour enrichir le monde avec des œuvres uniques. Les arts suffissent à combler de beauté les vies de certains créateurs et nourrir l’héritage des civilisations et la spiritualité de ceux qui s’y nourrissent.

L’architecte et le maçon, le peintre génial, qui érigent et décorent les cathédrales et les cultures, le danseur, la ballerine, qui expriment en mouvement, le dramaturge et son acteur qui donnent vie à la scène et éduquent des nations, la musique qui adoucit les mœurs, divine – on peut dire – par elle-même, la voix qui chante et qui envoûte, tous vivent et éveillent des spiritualités authentiques et intenses… de la chose bien faite, la chose belle, à la chose qui change le monde.

Le matérialisme pur et dur, même défini contre toute spiritualité, est à mon avis une forme d’anti-spiritualité[18], contrepartie rebelle de la spiritualité religieuse. Avec ses ascèses, idéaux, valeurs et vocations, tous ces libérateurs, Démocrite, Épicure, La Mettrie, Diderot, Holbach, Voltaire, … jusqu’à Karl Marx, manquent-ils de vie spirituelle ? Ne proposent-ils pas leur foi alternative, leur culte du Progrès, de l’économie ou du politique qui a changé le monde ? Une spiritualité sans religion

Et les idéologues – idéalistes abstraits ou haineux – ces corrupteurs qui manipulent l’imaginaire des foules, n’ont-ils leur ersatz de spiritualité noire ou rouge, antihumaine, totalitaire et utopique ? L’esprit du communisme n’a-t-il pas assez hanté l’Europe pour le prouver ? Le fascisme n’a-t-il pas failli nous engloutir ? Pour ne pas finir en chair à canon des nouvelles ou revenantes idéologies qui, au lieu de s’élever, s’engouffrent dans la matière – post -humanisme, technoscience, écologisme radical – il est urgent de révéler et déconstruire l’inhumanité de leur mentalité profonde plutôt que de s’éblouir de leur surface enthousiaste.

Les Frères ennemis

Bien entendu, la grande alternative à la spiritualité que les religions, qui osent croire, revendiquent comme leur héritage exclusif, légué par Dieu, est devenue la Science à laquelle les églises dénient toute spiritualité en la reléguant au niveau de la vulgaire matière. Ceci au point de revendiquer marque déposée exclusive sur les mots « esprit », « spiritualité » ou « vie spirituelle »[19]. Les pontes de la science le leur rendent bien, en niant l’existence de la divinité et, du même pas, de l’esprit.

 La Science est pourtant une grande voie de vérité, parmi les voies de la spiritualité. Celle qui ose savoir au lieu de croire. Celle qui remplace le Chaos avec un Cosmos[20]. Voir Galilée, Isaac Newton, Max Planck, Darwin, Niels Bohr, Einstein, Werner Heisenberg, les Curie, Stephen Hawking… La spiritualité de la Science est l’enchantement de la découverte et l’idéal de la théorie. Les systèmes sont ses œuvres d’esprit.[21]

Dans l’Histoire, la religion et la science sont, à mon avis, deux cultures puissantes qui comprennent et façonnent la réalité différemment. Les deux sont sans limite, parties pour tout couvrir, sans bornes. Deux frères ennemis, des Caïn et Abel engendrés par les successions historiques de la spiritualité humaine. Je dirais que la Science est la face de la spiritualité qui se veut objective, opposée à d’autres, morales ou idéales, comme la Religion. La science, spiritualité de la curiosité et du rationnel, extrait et distille du monde une théorie de la réalité[22] ; les prémisses de cette théorie transcendent en spiritualité invérifiable, le savant surpasse l’explication de causes, en se demandant ce que sa découverte signifie pour l’humain ; ainsi, les données et l’information deviennent sagesse qui fait comprendre et maîtriser ce qu’on découvre ou invente en faveur de l’humanité au lieu de subir un « progrès » idolâtré. Science et foi sont des choix justifiables en leurs propres termes en leurs propres domaines. Ce siècle est mûr peut-être pour surpasser la négation réciproque vers une vision plus spacieuse, de complémentarité plurielle.

L’univers, « objectif » comme il l’est, vaut pour nous à travers ce qu’il représente pour nous, par ce que nous comprenons pour en faire usage ou nous en protéger. Notre Univers est humain. Il devient spirituel par nos symboles et notre foi, le respect et l’interdit du sacré, par l’amour, par la beauté ou la laideur, le bien et le mal, la justice et l’injustice, plus que par la falsifiabilité ou la vérité scientifique et encore moins par la réussite des technologies et des empires du profit.

L’esprit scientifique, c’est de trouver insupportable de ne pas savoir et quantifier ; devenu dogme, il brûle de simplifier l’inconnu, en le réduisant à quelque chose de cohérent avec ce qu’on sait, au moins de mesurable, connaissable et explicable. Prévisible aussi. Le reste ne compte pas, n’existe pas, pour de vrai... Sur ma voie personnelle, une des maturités a été de respecter le droit à l’erreur et à la différence irréductible des convictions, d’apprendre au contraire à vivre sereinement, confiant du peu que je sais et comprends, comme avec une petite bougie allumée, au milieu de l’univers, que je crois inépuisable d’inconnu.

L’athéisme lui-même, matérialisme devenu mouvement de pensée et de révolte, se définit – curieusement à mon sens – par négation de toute divinité … mais afin de sacrer l’homme, la Raison et la liberté de penser. Il propose sa conviction émancipatrice comme une alternative somme toute spirituelle... Voir d’Auguste Comte à Richard Dawkins, Christopher Hitchens, et d’autres passionnés… C’est toujours la métaphore mythique de Prométhée.

Au sommet de la vie de l’Esprit, les grands philosophes de l’Antiquité, comme les saints, proposaient des spiritualités et surtout les vivaient[23]. Les philosophes sont souvent des sages. Personne ne va leur nier la vie spirituelle des penseurs, leur « amour pour la sagesse » leur vie contemplative, indépendamment de ce qu’ils professent. On ne va pas nier que Platon ou son Socrate proposent une spiritualité, Aristote aussi. Mais qui va soutenir que Nietzsche n’a pas vécu une grande vie spirituelle ? Les philosophies sont autant de propositions d’idéal, qui apportent sens et civilisation au Monde, qui cherchent à discerner l’ordre dans le chaos… 


Les croyances, théories, idéologies, convictions, dogmes, utopies, même les terribles dystopies, sont autant d’idéaux de perfection. Toutes ces voies visionnaires, nobles, parfois en collision avec le bien-être de l’Humanité, visent à créer « L’homme nouveau ». Il arrive qu’on croie grimper sur une échelle de Jacob quand ce n’est qu’une tour de Babel. En fait, notre spiritualité est peuplée d’une pluralité d’histoires merveilleuses, mythes, récits fondateurs, légendes, croyances, traditions, cultes, rituels initiatiques et d’élévation sacrés ou civils, savoirs plus ou moins certains, dogmes plus ou moins figées, logiques plus ou moins prouvées, enfin, une longue liste de ce qui compose notre culture toujours changeante. Sans ce monde mental de métaphores, on vivrait comme des fourmis.

Elles sont nombreuses, ses échelles qui montent. Je conclus que les spiritualités humaines sont cent nobles fleurs qui fleurissent, un kaléidoscope de voies vers le plus haut, presque indépendantes de comment on conçoit ce plus haut ; Ciel, divinité, Etoile du Nord, morale, la Vérité, l’extase, l’ataraxie… ou plus largement, la sagesse et le bien-être de l’Humanité. A ce point de ma recherche spirituelle, je crois – sans grande originalité – que le voyage vaut plus que la destination.

Mille chemins forment la quête spirituelle émancipatrice accessible à chacun d’entre nous, plutôt qu’une vérité reçue toute faite pour nous caser, aussi parfaite qu’elle soit. « Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves… »

Oui. Le compas est largement ouvert.

 

Ioan Tenner Véme Ordre Grade 9 

Grand Orateur du Suprême Conseil du Rite Moderne pour la Suisse

 


[1] Une investigation de ce qu’est la vie spirituelle doit commencer par une idée de ce qu’est l’esprit, car c’est dans ce creuset qu’elle émerge et évolue, même si tout ce qui est activité de l’esprit n’est pas nécessairement sensibilité spirituelle. Ce que j’appelle ici spiritualité est la phénoménologie, les manières, la dont la sensibilité du vivant vit le monde.

[2] Les Hommes, étant doués d’esprit, jugent avec intention et valeurs, forment de nouvelles idées et artefacts, choisissent, commencent de nouveaux cours d’action. Pour cette « nouveauté » qu'on ne peut pas contrôler, voir Arendt, Hannah, The Human Condition, Univ. of Chicago (Chicago, 1958,1998) et Arendt, Hannah, Life of the Mind (Harcourt, 1981) passim

[3] Platon, Cratyle : donneur de noms ou onomaturge, créateur des mots – ces choses qui qui désignent l'essence des autres choses

[4] Voir Thomas Nagel, « Quel effet cela fait-il d'être une chauve-souris ? »  In Vues de l'Esprit, Hofstadter, D., & Dennet D, (Eds) 1981, 1987

[5] Goethe, Faust, Der Tragödie erster Teil, 1808. Studierzimmer, Mephistopheles zum Schüler.  Je me suis essayé à une traduction en Anglais : “To reveal and describe what life is about/They need first from body the spirit to rout/Then, handy and orderly, study goes on/Except that, the tie, which was spirit, is gone” http://wisdom.tenner.org/the-state-of-the-art---an-impression.html ou, dans mon Français approximatif : “Qui veut décrire et définir le Vivant/doit se défaire de l'Âme avant,/puis, bien en main sont les parties,/ hélas, il manque le Lien - l'esprit.”

[6] Concept introduit par Vladimir Vernadsky, et mis en valeur par Pierre Teilhard de Chardin en 1922, imaginé comme une couche de pensée et de conscience, une « nappe pensante », véritable tissu de la société humaine, qui envelopperait la surface de la Terre. Dans cet écosystème métaphorique, des idées et des humeurs – qu’elles soient familières, de travail ou de proie, coexistent en compétition et se nourrissent les unes des autres. Quand leur temps est venu, elles se réunissent formant des mentalités, l’esprit du temps (Weltanschauung), des mouvements qui stabilisent ou chambardent le monde humain. Tout ceci n’est pas réductible à la pensée seule.

[7] J’adopte la vision de  Karl Popper, Three Worlds THE TANNER LECTURE ON HUMAN VALUES, The University of Michigan April 7, 1978 pp 143-145 : 1er monde – Le monde physique subdivisé en monde non-vivant et monde vivant; 2e monde – le monde mental ou psychologique, subdivisé en expériences conscientes, rêves et sous-conscientes – dont la réalité est niée par certains mais admise par le sens commun; 3e monde – celui des produits de l'esprit (mind) humain: langues, histoires, mythes religieux, conjectures ou théories scientifiques, constructions mathématiques , chants, symphonies, peintures, sculptures... aéroports etc.

[8] Comme dit Romain Rolland, « L’esprit ne sait pas toujours choisir. » (Préfacé à Stefan Zweig, Nouvelles d’une mauvaise passion, Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1927)

[9] La Tempête (1611) de William Shakespeare

[10] On s’éveille à cette vie en voyant plus grand, par petits pas. Ou par l’intuition, la découverte et la révélation soudaine. On s’y initie en dépassant l’utilitarisme quotidien, pour chercher un sens à ce qu’on fait et à la mort, au plus haut que nous, au pourquoi de l’Univers…

[11] Si je continue ainsi je vais arriver à me demander avec Kant « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? » J’aurais « le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi ».  Voici la spiritualité qui se lève!

[12] On peut parler d’avoir une vie spirituelle quand l’esprit fleurit au point d’enrichir le vécu de celui qui a un nom, des ancêtres et des descendants, qui dit « je sais, je ne sais pas, je crois, je doute, je pense, je choisis, j’agis, j’aime ».

[13] Il y a spiritualité là où, dans notre conscience, ont cours des sentiments et des valeurs, des vertus et des vices, des doutes et des croyances, devoirs et libertés, visions et intentions. A l’opposé, les machines n’ont pas de spiritualité, seule la vie en est capable. C’est seulement la vie qui est capable d’intention, d’espoir, de souhait et demande, d’idéal, de pardon et de promesse.

[14] Il me semble raisonnable de commencer considérant que vie spirituelle est ce que semblent faire et dire les gens réputés être des personnalités de grande spiritualité et d’affiner successivement cette observation. Le réveil (Erklärung, Enlightenment) spirituel de l’époque axiale décrite par Karl Jaspers me semble donner l’exemple de ces créateurs de religions, de philosophies, de sciences, économies, technologies et d’empires (Vom Ursprung und Ziel der Geschichte. München & Zürich 1949 (Darstellung der Achsenzeit)).

[15] Premières célébrations de la nature, sacrifices, respect des morts, l’animisme, les mythologies, symboles, magie, outils, rituels, préceptes, enseignements, traditions religieuses, folklores, savoirs ésotériques, œuvres et chefs-d’œuvre, conquêtes fondatrices, sphères morales partagées, théories, philosophies, utopies, dogmes, idéologies, Zeitgeist… L’Histoire en entier, la Terre transformée par nos architectures, la condition humaine, en résultent.

 

[16] Même les divinités sacrées des grandes religions sont plurielles; est-il raisonnable d’imposer à autrui un des trois monothéismes abrahamiques, en déclarant fausses toutes les autres, hindoues, bouddhistes, confucéennes, shintoïstes et j’en passe… ? Est-ce qu’un Gandhi manque de spiritualité ?

[17] Bien entendu, les handicapés de spiritualité vont assener leur suffisance : “What’s the use of stories that aren’t even true?” A quoi servent ces histoires qui ne sont même pas vraies ? (Salman Rushdie, Haroun and the Sea of Stories, Penguin, London 1990)

 

[18] Nier l’esprit avec intelligence n’est pas la spiritualité… à l’envers ? Par contre la nier ou la négliger, incapable de saisir son sujet est manque de spiritualité.

 

[19] Pour preuve, le prestigieux Oxford English Dictionary affirme encore en son édition de 2013 que « spirituality veut dire tout d’abord 1 : « le clergé » 2 : « propriété ou revenu ecclésiastique…de caractère purement spirituel » 3 : « The quality or condition of being spiritual; regard for spiritual as opp. to material things; spec. the study and practice of prayer... leading to union with God…une remarque pieuse… »  4 : « le fait ou condition d’être non-physique » ! Chambers Thesaurus 2012, plus généreux, accepte la diversité de la situation de fait : « dedication, commitment, consecration, ardour, loyalty, faithfulness, allegiance, adherence, trueness, staunchness, constancy, solidarity, unselfishness, self-sacrifice, zeal, support, love, passion, fervour, fondness, attachment, admiration, warmness, closeness, adoration, affection, reverence, steadfastness, regard, earnestness, formal fidelity, 2 devoutness, piety, godliness, faith, holiness, spirituality, sanctity, religiousness 3 prayer, worship, observance Holiness, sacredness, sanctity, spirituality, divinity, piety, devoutness, godliness, consecration, dedication, saintliness, blessedness, religiousness, goodness, virtuousness, righteousness, purity, morality, virtue, perfection, sinlessness, chastity, self-denial, self-sacrifice, asceticism, uprightness, old halidom, sanctimony (Antonym: mysticism) deism, theism, spiritism, supernaturalism, transcendentalism, esotericism, occultism, mystery, mysteriousness, incomprehensibility, inexplicability arcaneness piety piousness, devoutness, godliness, saintliness, holiness, sanctity, religiousness, religion, faith, devotion, reverence, respect, fear of God, deference (Antonyms: impiety, irreligion) …

 

[20] Popper, Karl, Unended Quest, An Intellectual Autobiography, Routledge (2002)p. 18

[21]  Digne de ce nom, le scientifique n’est pas – comme certains – un mécréant, mercenaire du gain, du pouvoir ou de la technologie, mais un moine chercheur ou grand pontife qui a reçu le sacrement de la Méthode. Son ministère est une œuvre de vie vouée à la Vérité et au service de l’Humanité. Récemment la science s’est donnée à la grande finance et fait aussi la vaisselle pour la jeune déesse déchainée, la Technologie. Ensemble ils ont enfanté la Technoscience qui mue sous nos yeux en nouvelle et ultime « spiritualité » du post-humain). On ne va pas nier que leur post-humanisme est une proposition de religion sui generis…

 

[22] Pour la science du XXe siècle, la Rationalité est la forme suprême de la spiritualité humaine. La théorie scientifique, l’image scientifique du monde, sont régies par des croyances incontestées et irréductibles, par des valeurs propres à la science : la Vérité comme valeur ultime, la Rationalité, la causalité, le Progrès, le Monisme, la réduction au plus simple, l’émergence, le saut qualitatif, la réplicabilité, la falsifiabilité, les lois, la quantité, la mesure et la quantification avant tout…

[23] Pierre Hadot-Exercices spirituels et philosophie antique, Études augustiniennes, Paris(1987) passim.

Algunas consideraciones rituales sobre la Plancha de Trazar


Si deseamos tener siempre una fuente de reflexión simbólica, y por tanto de conocimiento, basta que recurramos al siempre inagotable manantial de nuestros rituales ricos en mensajes capaces de mostrarse con intensos y múltiples matices. Bien es cierto, que dicha propuesta de estudio ritual personalmente la concibo en la línea de aquellos perennes vehículos de vivencia simbólica que nacieron con el génesis de nuestra francmasonería especulativa, y no por una razón de estancamiento de la tradición, lo que supondría una contradicción en sí mismo en el fenómeno de transmisión, dado que ésta es vida y evolución, aunque debe estar al abrigo de mutilaciones o injertos varios fruto en ocasiones de derivas conceptuales ajenas al origen de nuestra Institución, así como también a salvo de prejuicios a la moda de corrientes de pensamiento radicalizadas e incapaces de abstraerse para ver en el símbolo su acepción más amplia.

  Los arriba citados mensajes de cambio interno profundo, de elevación ética y moral, se mantienen expuestos de forma constante en todos los rituales de los Modernos, con independencia de la variopinta exteriorización formal propia de usos locales y de formas culturales al uso. Dicha grandeza referida a la atemporalidad de los rituales ha sido en ocasiones incomprendida por mentes pequeñas, confusas o manipuladas, calificando simpáticamente en ocasiones de “ritualócratas” a aquellos curadores, no de la forma, sino del fondo contenido ritual, aquel que hace posible que se abra la puerta de acceso que permite el tránsito de lo íntimo a lo grupal mediante el intercambio vivencial del conjunto de ideas simbólicas allí expuestas y contenidas. Así pues, cuando la mutación elimina el símbolo y el mensaje de origen, deja entonces de ser lo que fue, y deviene otra cosa, no sé si mejor o peor, pero distinta. Está en aquellos conocedores de dichas evoluciones y cambios, la responsabilidad de opinar y alertar si así se viere preciso, evitando que se dé gato por liebre y el pretender en contrapartida rescatar y recuperar los valores originales del Rito Moderno o Francés que lo fueron de la Orden cuando la Masonería carecía de adjetivos calificativos en sus prácticas rituales. Bien refiere sabiamente el Ritual Luquet de 1745 respecto al uso de la Razón que debemos reivindicar los Maestros, trazando y ejecutando nuestras acciones sin temor alguno a exteriorizarlas públicamente, cualidad extrapolable a la reivindicación que hacemos para el Rito Moderno y su buena práctica en cuanto a sus vehículos rituales.
  A propósito de la riqueza de su contenido, abundemos un poco en este elemento simbólico para hoy propuesto: la Plancha de Trazar.

  El Rito Moderno obvia y oportunamente vincula a la luz como símbolo del conocimiento, y concretamente a sus Tres Grandes Luces en sus distintas acepciones, directa, indirecta o articulada en Logia a través de la figura del Venerable. De modo también exquisito (magistral, diría yo) nos expone el símbolo/concepto de Joyas de la Logia que ya se nos muestra en una divulgación londinense de 1724[1] donde aparece el Diamante con toda su riqueza simbólica derivada que intentaremos analizar en otra ocasión.

  Respecto a las Joyas de la Logia, diríamos que son los emblemas preciosos de gran valor Moral y Ético, el cómo, porqué y para qué de nuestra pertenencia a la Orden y de su finalidad en definitiva. Es este Tesoro el que, por regla general, los catecismos dividen en dos partes denominadas Joyas Móviles y Joyas Inmóviles, las cuales a su vez se nos presentan con una descripción material y, otra, con un significado simbólico y moral que es, en definitiva, su asociado íntimo al abrigo del cual cada masón debe interiorizar sus reflexiones oportunas y propias.

  La descripción y desarrollo de la Joyas se nos aparece extensamente en los Rituales de Segundo Grado a lo largo del Siglo XVIII, un estadio que en sus orígenes fue terminal y culmen de la realización masónica que, posteriormente con la aparición del Grado de Maestro, cedió parte de su protagonismo originario al mismo, si bien mantuvo en los rituales posteriores a 1730[2] una riqueza amplia y un fuerte nivel de ejemplaridad en cuanto a la función misma de "enseñante" por parte del Compañero hacia los Aprendices, aspecto muy relegado en la actualidad y que ha hecho del Segundo Grado una etapa poco comprendida en toda su amplitud vivencial y responsabilidad inherente.

  Así pues, si nos proponemos adentrar en lo que es la Plancha de Trazar, ese instrumento Magisterial solo puede ser comprendido en el conjunto acompañado del resto de Joyas Inmóviles, siendo éstas representación del Estado Humano, desde lo más burdo y grosero, hasta su opuesto, es decir, desde la Piedra Bruta, pasando por la Piedra Cúbica en Punta, hasta la Plancha de Trazar. Las Joyas Móviles, escuadra, nivel y perpendicular, corresponderían a las características de nuestras acciones, interacción y actitud espiritual en aras de transitar por los estados anteriores. No es menester, por tanto, llevar a cabo un gran esfuerzo de comprensión para llegar a entender que el instrumento Magisterial por excelencia representa un Modelo Público ejemplar en cuanto a sus acciones y con un uso pleno de Razón, Sabiduría y Virtud. Pero ¿qué implicación directa supone la anterior afirmación? ¿Dónde radica la pericia que debe tener todo Maestro para el uso preciso de esta Herramienta propia y que le define?
En primer lugar basarse en la realidad vital de un permanente estado de latencia y transición entre el Aprendiz, Compañero y Maestro, contenido en su experiencia y naturaleza humana, cual humilde plano utópico que se construye y destruye permanentemente, sin cesar, como consecuencia de la dualidad inherente a su misma esencia humana, y por consiguiente animal, un ser que aspira cognitiva y espiritualmente a elevarse hasta un modelo perfecto, pero al que solamente se aproxima de manera perfectible, con perseverancia y haciendo uso de otra herramienta esencial de aplicación individual y colectiva: el Amor.
Así, y solamente así, el Maestro se da cuenta que la cumbre del progreso iniciático no es otra cosa que vivir la realidad, una realidad plena y armónica que existe y habita en nuestro propio interior, en lo más profundo de nuestra Piedra: nuestro Diamante por exteriorizar.

Joaquim Villalta, Vª Orden, Gr.·. 9, 33º
M.·. I.·.
Director de la Academia Internacional de la Vª Orden - UMURM
Gran Orador del Sublime Consejo del Rito Moderno para el Ecuador
Miembro Honorario del Soberano Grande Capítulo de Cavaleiros Rosa-Cruz de Portugal - Gran Capítulo General del Rito Moderno y Francés de Portugal
Miembro Honorario de la R.·. L.·. Estrela do Norte nº 553 del Grande Oriente Lusitano
Gran Canciller para Europa del Gran Oriente Nacional Colombiano
Miembro Honorario del Gran Oriente Tradicional de Bolivia
Miembro Honorario del Soberano Supremo Consejo del Grado 33 para el Escocismo de la República del Ecuador
Miembro Honorario del Supremo Consiglio del 33º ed Ultimo Grado del R.S.A.A. per l’Italia e sue Dipendenze
Miembro del Suprême Conseil du 33e Degré pour la France du Rite Ancien et Accepté (Cerneau's Rite)
Presidente de la Confederación Internacional de Supremos Consejos del Grado 33º del R.·. E.·. A.·. A.·.
Muy Poderoso Soberano Gran Comendador del Supremo Consejo del Grado 33º para España del Rito Antiguo y Aceptado





[1] “Le Grand Mystère des Franc-Maçons découvert” (Londres, 1724)
[2] “Masonry Dissected”, Samuel Prichard (Londres, 1730)

Instalación del nuevo Muy Venerable Fernando Merchán Marín de la Respetable Logia Lux Veritatis N°3 al Oriente de Terrassa fundada regularmente el 14 de Diciembre del 2007 E.•. V.•.

Instalación el 20 de Enero de 2023 E.•. V.•. para el período natural 2023 al 2025 del nuevo Muy Venerable Fernando Merchán Marín de la Respetable Logia Lux Veritatis N°3 al Oriente de Terrassa fundada regularmente el 14 de Diciembre del 2007 E.•. V.•.

Este Taller, con una brillante trayectoria de más de 15 años de Trabajos ininterrumpidos, se siente dichoso de contar con la dirección masónica de su nuevo Muy Venerable así como de su Colegio de Oficiales, todos poseedores de una valía ética, humana, filantrópica e intelectual de primer nivel.

¡Vivat ,Vivat, Semper Vivat! 🌸

Joaquim Villalta, V Orden, Gr.·. 9, 33º

M.·. I.·.
Director de la Academia Internacional de la V Orden - UMURM
Gran Orador del Sublime Consejo del Rito Moderno para el Ecuador
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"La Pensée Maçonnique 1370 - 1884": la excelencia de Patrick Négrier. Una lectura imprescindible para 2023

Pocos autores pueden transmitir la excelencia de sus estudios, reflexiones e investigaciones en un campo del saber, arte o conocimiento. Patrick Négrier se supera a sí mismo en esta ingente obra que resulta una continuación lógica de su anterior libro masónico L'Essence de la Franc-maçonnerie à travers ses textes fondateurs 1356-1751.

En el plano personal, este amigo, filósofo y masonólogo referencial, siempre me ha cautivado por su generosidad en la transmisión de sus conocimientos, su accesibilidad y humanismo sin par, en equilibrio justo entre prédica y práctica de su cualidad masónica para conmigo. Colecciono como material de estudio las innumerables consultas epistolares que, cual “Clases Magistrales”, me han dado luces de espléndido fulgor desde la fuente y el origen de la Orden, hasta su desarrollo y objeto de su práctica.

De una manera también generosa, documentada, reflexiva y amplia, Patrick Négrier aborda en su último libro La Pensée Maçonnique 1370 –1884 (Éditions NUMÉRILIVRE) el pensamiento masónico desde los Antiguos Deberes cuya historia podemos iniciarla en la Logia de York de las que conservamos las “Ordenanzas de la catedral de York” que datan de 1370, hasta la masonería moderna aparecida poco antes del 1630 y donde el Mason Word escocés será trascendental a tal efecto, dado que se inserirá con la creación de la Gran Logia de Londres y fluirá evolutivamente, llevándonos Patrick Négrier hasta el paralelismo de la Declaración de Principios del Gran Oriente de Francia de 1884 en una brillante comparativa en defensa de la laicidad y el librepensamiento.

El autor, en este amplio recorrido, disecciona magistralmente aspectos filosóficos, religiosos, rituales, históricos y sociológicos, así como simbólicos, en una catarata de valores pedagógicos que me han dejado ciertamente impresionado. El lector encontrará también una extensa referencia bibliográfica utilizada, entre las que me honra emocionadamente que aparezcan dos de mis obras referenciadas: Palabra de Masón y En Oro y Azur (esta última consagrada al Rito Francés o Moderno).

Es de remarcar los capítulos dedicados al análisis biográfico y la visión teológica de un personaje clave en la francmasonería como es James Anderson que contrariamente a lo que se piensa, no es coincidente con el abordaje latitudinario contenido en las Constituciones de 1723 y 1738 que obedecían a un sentir de los miembros próximos a la filosofía deísta y al uso del método geométrico de la que se sustentaba la religión natural práctica permitiendo una tolerancia en la admisión de su membresía fundamentada en la otro-praxis moral. El otro capítulo ciertamente exquisito es el referido a las “virtudes intelectuales y ejercicios espirituales”, donde estos ejercicios espirituales que contienen una tarea simbólica, ética y metafísica, son de tipo práctico y psíquico para que, mediante los mismos, cada uno adquiera una “iluminación” que dé acceso a la revelación natural, que es lo que en definitiva interesa al masón. Estos ejercicios son accesibles a todos sin excepción y requiere simplemente de su práctica e implicación personal en llevarlos a cabo.

En resumen: un libro denso, pero imprescindible, y que se encuentra entre la mejor bibliografía que he leído hasta el día de hoy.

Muchas gracias por tus luces, Patrick.

Joaquim Villalta, Vª Orden, Gr.·. 9, 33º
M.·. I.·.
Director de la Academia Internacional de la Vª Orden - UMURM
Gran Orador del Sublime Consejo del Rito Moderno para el Ecuador
Miembro Honorario del Soberano Grande Capítulo de Cavaleiros Rosa-Cruz de Portugal - Gran Capítulo General del Rito Moderno y Francés de Portugal
Miembro Honorario de la R.·. L.·. Estrela do Norte nº 553 del Grande Oriente Lusitano
Gran Canciller para Europa del Gran Oriente Nacional Colombiano
Miembro Honorario del Gran Oriente Tradicional de Bolivia
Miembro Honorario del Soberano Supremo Consejo del Grado 33 para el Escocismo de la República del Ecuador
Miembro Honorario del Supremo Consiglio del 33º ed Ultimo Grado del R.S.A.A. per l’Italia e sue Dipendenze
Miembro del Suprême Conseil du 33e Degré pour la France du Rite Ancien et Accepté (Cerneau's Rite)
Presidente de la Confederación Internacional de Supremos Consejos del Grado 33º del R.·. E.·. A.·. A.·.
Muy Poderoso Soberano Gran Comendador del Supremo Consejo del Grado 33º para España del Rito Antiguo y Aceptado (Rite de Cerneau)

La date 1783 dans le Rite Français des Modernes (D'après mes conversations avec Jean Pierre-Duhal)

La date 1783 dans le Rite Français des Modernes

Re-bonjour Joaquim

À propos de ta question, voici quelques éléments qui complètent la pseudo discussion si en vogue autour de la date 1783 dans la franc-maçonnerie française et la Régulation sous l’impulsion notamment de Roëttiers de Montaleau.

Les dates sont souvent la meilleure et la pire des choses, comme les statistiques d’ailleurs, au service de la faiblesse de nos connaissances historiques.

Alors 1781, 1783, 1785, 1801 de quoi parle-t-on ?

Au regard des lenteurs et des atermoiements des différentes commissions ou chambres, il semble bien que la rédaction des trois grades fût pratiquement en voie d’achèvement dès avril 1782 et on assiste alors à des transferts ou des relecture sans doute améliorées des rituels.

Mais 1783 semble bien une date charnière qui a connu pas moins de 9 réunions dans lesquelles les trois grades symboliques sont mis en forme :

- La réalisation d’une synthèse du grade d’apprenti entre celui rédigé par les 3 chambres et celui rédigé par le F. Million et Roëttiers de Montaleau est chargé du ce travail

- La présentation du grade de compagnon par Roëttiers de Montaleau

- Et la lecture du grade de Maître interrompue mais rédigée qui se poursuivra en janvier 1784.

Les trois grades seront présentés en février 1784 aux 3 chambres. Ont peut dire que ces 3 grades étaient rédigés dans l’année 1783. Ce qui permet d’écrire que cette rédaction était prête dès 1783. Nous assistons en 1784 à des relectures et des observations sur tous sujets qui avaient déjà été abordés dès 1781. Après amendements et relance les trois rituels sont adoptés par le GO entre juillet et août 1785. Il semble bien que les rituels adoptés le soient pratiquement dans la forme des manuscrits distribués dès 1781 par le GO.

Si on ajoute que la forme imprimée de ces rituels sous le nom de régulateur de 1801 n’a pas été publié à cette date mais probablement une dizaine d’année plus tard, il est difficile d’être péremptoire en matière de chronologie, et cette note comprise évidemment.

De plus on peut considérer qu'une écriture faite n'indique pas une publication réalisée.

Avec un TAF très forte

Jean-Pierre Duhal, 5ème Ordre, Chevalier de la Sagesse, Grade 9 et dernier du Rite Français des Modernes, Souverain Grand Inspecteur Général, 33º du Rite Écossais Ancien et Accepté. Fondateur du Sublime Conseil “Provence et Fidélité”, Membre Fondateur du Ve Ordre et, Passé Très Sage et Parfait Grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale du Ve Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.

Un rituel L’« Initié dans les profonds mystères » du 62ème de la nomenclature de l’Arche du Vè Ordre serait le« dernier grade du 5ème Ordre du Souverain Chapitre Métropolitain ? (D'après mes conversations avec Jean Pierre-Duhal)

Mon TIlF Jean-Pierre Duhal :

Selon les brillants travaux de Colette Légier, elle nous dit que  « la nomenclature de 81 grades du Chapitre Métropolitain est ainsi fixée : neuf séries de neuf grades classées par famille (voir dernier chapitre). Le V° ordre exerce enfin (mais un peu tard) le rôle qui lui avait été dévolu dès 1784. Cela est acté par ses propres statuts approuvés en décembre 1807, aux termes desquels il est structuré en deux classes. La première est composée d’un conseil de neuf membres, « gardien des cahiers maçonniques, des règlements et archives du Chapitre Métropolitain » et « possédant les plus hauts grades ». Il faut comprendre que ce conseil avait vocation à réunir les porteurs des grades sommitaux des divers systèmes maçonniques du Grand Orient, et à conférer lesdits grades. Les cahiers des 81 grades sont déposés dans une arche à deux clefs, établie au lieu des séances du Conseil des IX. On ne sait si le projet ultérieur du Frère Gastebois père de faire des IX une classe d’« Initiés dans les profonds mystères » aura pu être concrétisé. Un rituel de ce grade (62ème de la nomenclature) semble le confirmer, puisque l’un de ses exemplaires comporte la mention « dernier grade du 5ème ordre du Souverain Chapitre Métropolitain ». On notera avec intérêt que ce grade était le dernier du Rite en 33 degrés du Comte de Clermont daté de 1768.

Ça semble confirmer que, malgré la pratique initiatique d’un rituel initiatique pour accéder au Conseil des IX ne reste pas confirmé, au moins ils auront un rituel proposé pour qu’il soit possible y accéder à cet 9ème Grade. Je reste à l’attente tes lumières.

Joaquim Villalta


Mon Cher Joaquim :

Merci de m'accorder cette science qui n'est pas aussi étendue que ça.

Tout d'abord rien n'indique dans les textes, que ce grade ait historiquement pratiqué dans le cadre du 5ème Ordre.

Il annonce bien les grades possédés par le postulant mais ici, il ne s'agit pas d'une transmission ou initiation mais plutôt de la prise en considération d'un état. C'est de toute façon un "grade" terminal au regard des grades précédant.

Il est positionné avant l'élu de Londres et le Chevalier du soleil mais la classification ne peut être considérée de manière absolue. D'ailleurs il figure dans la 3ème série sans doute par erreur.

Le rapport effectué par le F.·. Gastebois est un acte tardif avec un 5 ordre moribond  et sans doute fut-il sans application de ses préconisations. En tout cas aucune trace d'usage n'est à ce jour publiée.

A mon sens rien n'indique une valeur symbolique supérieure qui puisse le positionner au-delà  du Chevalier du Soleil ou du Kadosch.

Avec une TAF très forte

Jean-Pierre Duhal, 5ème Ordre, Chevallier de la Sagesse, Grade 9 et dernier du Rite Français des Modernes, Souverain Grand Inspecteur Général, 33º du Rite Écossais Ancien et Accepté. Fondateur du Sublime Conseil “Provence et Fidélité”, Membre Fondateur du Ve Ordre et, Passé Très Sage et Parfait Grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale du Ve Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.


 

Les Pratiques Rituelles du 5ème Ordre


LES PRATIQUES RITUELLES DU 5ème ORDRE

Première partie

Quels que soient vos usages respectifs, nous espérons que vous partagez le sentiment que le 5ème Ordre peut être plus qu’une académie sympathique certes, étudiant des rituels, dont la grande majorité reflète un « exotisme » souvent burlesque, mis en exergue par de nombreux historiens de la Maçonnerie.

Doit-il être au diapason des Ordres précédents ? Le pari n’est pas évident au regard des multiples pratiques existantes. Elles illustrent la difficulté de cet Ordre à représenter une unité dogmatique, qu’historiquement, disons-le, il n’a jamais possédé.

La nature ayant une sainte horreur du vide, les maçons contemporains, de toutes origines, pratiquant le Rite Français ont fait le reste, sans aucun complexe, mais avec la volonté d’établir, ce que nos fondateurs n’ont pas pu ou peut-être même, souhaité réaliser.

Ainsi, depuis la fin du XXème siècle les rituels ont proliféré avec une fébrilité traditionnelle, susceptible de rendre jaloux les codificateurs des Ordres de Sagesse, qui pourtant ne se sont pas privés de puiser dans le vivier de l’Écossisme.

A ce jour, plus d’une douzaine de juridictions ou entités autonomes pratique en France et à ma connaissance un 5ème Ordre en une ou plusieurs classes différemment appelées et développées. Ce recensement ne tiens pas compte des 6 juridictions  étrangères qui ont une pratique de cet Ordre.  

Cependant, l’ensemble de ces pratiques rituelles, ne peut revendiquer une quelconque transmission historique.

Le travail effectué de toutes parts sur cet ordre démontre au moins une chose : la nécessité que tous ont éprouvé, de parachever le cheminement du maître maçon de Rite Français. Sinon quelle serait l’utilité de cet Ordre?

Ainsi, nous avons tous fait du 5ème Ordre, un ordre à part entière, ce qui n’était pas annoncé dans les règlements d’origines.

Historiquement, dans les règlements de 1784-86, il se présentait, d’une part, comme une académie de grades au contraire de la construction des autres ordres qui procèdent plus ou moins d’une synthèse et s’inscrivent dans un processus de transmission. D’autre part, il devait jouer le rôle de chambre d’administration du GCGDF ayant le titre de bureau de la correspondance : rôle éphémère qu’il joua, avant que cet acte ne se consacre aux décisions du comité des 9 réduites à l’organisation de cet Ordre.

Les usages contemporains recensés, ne semblent pas apporter dans l’ensemble une homogénéité et une « universalité » qui puissent, non seulement être en équivalence avec d’autres pratiques, mais aussi porter la couronne du Rite Français : ce qui nécessiterait, préalablement l’acceptation de ce rôle par tous les acteurs : c’est pas gagné !...

Cette pluralité et l’absence de fonction définie minorent, à notre avis, l’impact des hauts grades du «Français».  

Il n’est pas question d’avancer la formulation qui serait la meilleure : chacune a une histoire propre et possède légitimité et origine, respectables. Toutefois, en considérant les multiples réponses, il apparait, que le 5ème Ordre ne peut être une simple distinction honorifique.

Il doit permettre un regard sur l’ensemble des sept grades du Rite Français, en valoriser les valeurs essentielles et la cohérence de la pratique. Cet ordre doit être un ordre à part entière, ou ne pas être.

D’ailleurs, sur le tard et malheureusement et sans grande suite, la question de la transmission des grades au delà du Rose-Croix fut posée sans que cela réponde à une spécificité terminale, sinon à considérer le caractère « universel » de ces transmissions.

Ainsi, en 1806, dans un de ses derniers actes,  Roettier de Montaleau proposa « un projet tendant à organiser sur les bases invariables les cinq ordres des plus hautes connaissances maçonniques comprises dans le nombre de 81 grades distribuées par séries et à établir en conséquences des chapitres supérieurs et un directoire du Rit primitif (le rite primitif de France étant le RFM) »

Continuant dans la cinquantième assemblée du SCM : « Le chapitre (Grand) professait des connaissances maçonniques jusqu’à 81 degrés distribuées par séries et enfermées dans cinq ordres et l’invitait (le GO) à organiser des chapitres supérieurs qui ne conférassent les hauts grades au dessus de ceux sous le titre de RC ».

Cette ouverture suggère que cet Ordre peut être porteur d’un contenu initiatique et philosophique à travers une écriture symbolique homogène et là, une difficulté surgit : chacun pensera que son « produit » est porteur de ces atouts.

Il a paru utile et intéressant de tenter une mission impossible : trouver un fil conducteur à partager.

Au préalable, retournons aux sources des « grades à cotés » du Rite Français.

Qu’est-ce qui les a motivé, dans quel esprit ont-ils été construits ?

Dans ce XVIIIe siècle porteur de Lumières, la Maçonnerie Française a développé une multitude de pratiques à coté des trois degrés symboliques.

On peut aussi discerner l’inspiration Anglaise originelle avec les Maîtres Ecossais, très tôt confortée sur le continent par le discours du Chevalier Ramsay.

Ils étaient supposés intervenir après les grades symboliques, très souvent sans être une suite ordonnée et sans idée de perfectionnement au début, mais curieusement de régénération d’une maçonnerie supposée viciée, ou trop proche du bruit du chantier.

Certains pensent à une mode à leur sujet, en considérant leur développement et la surenchère, sans commune mesure avec l’exigence d’exprimer un contenu.

Sentiment entretenu par les multiples écritures souvent très proches, dont ils feront l’objet : distinguées, par un lieu géographique ou le choix d’une appellation différente. Ainsi pour l’exemple, L’Ecossais des 3 J est aussi, L’Ecossais de Paris ou l’Ecossais de Clermont.

Les hauts grades ont dans leur développement participé à la « Maçonnerie de société ». Elle a montré son aptitude à créer des espaces de sociabilité en captant l’héritage des ordres initiatiques chevaleresques, et en manifestant son adhésion au mouvement des Lumières.

Cette maçonnerie s’émancipera du cadre contraignant du temple pour s’épanouir dans les appartements et les hôtels particuliers: un tapis de loge portatif, un rideau tiré et des grades conférés par communication avec des mises en scène de plus en plus élaborées: avec orchestre, décors et reconstitution historique.

N’auront-ils pas eu la secrète ambition de supplanter les grades symboliques ? L’exemple caractéristique est celui du REAA qui a été construit d’abord avec les hauts grades puis en incorporant ultérieurement les 3 grades symboliques.

Nous sommes loin de la frugale mise en œuvre de nos pratiques actuelles et même des tous premiers usages.

Siècle de folie, siècle des Lumières, des illuminés aux allumés, nous sommes dans nos pratiques les descendants de toutes ces aventures dont le temps a fixé le degré de pertinence.

Pierre Chevalier évoque sur le sujet  « le désir de certains maçons de réformer l’ordre vicié par les abus de toutes sortes. Les tenues n’étaient-elles pas accompagnées de banquets où le champagne était de rigueur, de chansons et de musique?

Nous sommes devant l’expression d’une autre maçonnerie affranchie du métier et représentative d’une classe sociale.

Ainsi, vers les années 1750, les Loges dites Ecossaises fleurissent avec des titres éblouissants accompagnants les premiers système de grades : Ecossais Fidèles de la Vieille Bru de Toulouse, Mère Loge Ecossaise de Marseille, Sublime Mère Loge du Grand Globe Français, Cour des Souverains Grands Commandeurs du Temple de Carcassonne, Conseil des Empereurs d’Occident et d’Orient et j’en passe…

Daniel Ligou, annonçait « Il est malaisé de connaître les finalités de l'Ecossisme : désir de sélection sociale, intellectuelle, spirituelle ? Recherche du « secret » qui paraît sans cesse à portée de la main et qui est toujours inaccessible ? Interférence — à peu près certaine — de l'ésotérisme traditionnel ? Désir aussi de compléter le mythe d'Hiram qui n’apportait pas de ponctuation à la disparition violente de l’architecte ? »

Le Grand Orient et avant lui la première Grande Loge dont il est issu, bien que peu favorable aux grades de l’Écossisme ce sera engagé dans cette voie presque à reculons, poussé par son ambition de régir la maçonnerie Française et sans doute pour éviter que les nombreuses loges qui pratiquaient des ensembles de grades hétéroclites ne lui échappe.

Pour conforter son autorité, devant l’incroyable disparités des usages et pour clarifier cette prolifération il s’attachera à la rédaction d’un système ne portant pas encore le titre de Rite Français.

Dès 1783, les grades symboliques furent codifiés, suivit la construction des 4 Ordres de Sagesse achevée en 1786 dans le cadre de l’éphémère GCGDF crée à cet effet, peut-on penser.

Il est important d’appréhender la notion d’ordre utilisée pas les codificateurs des hauts grades du Rite. Elle est en partie la conséquence du grand nombre des grades écossais existants et à la volonté d’apporter une simplification dans les usages. Bien qu’on ne puisse écarter dans cette construction l’idée de suprématie du codificateur, déjà évoquée, sur le monde maçonnique d’alors.

A chaque ordre correspondra un ensemble de grades qui seront plus ou moins synthétisés ou représentatifs d’une classe. Un grade de réception et d’usage, pour chacun des ordres fera l’objet d’une rédaction.

Ainsi suivant la définition historique du GCGDF, que nous rappelons :

Le Premier Ordre comprendra tous les grades intermédiaires de la Maîtrise à l’Élu. L’Elu en sera le complément. Le grade de réception dans cet Ordre est celui d’Élu Secret.

Le Deuxième Ordre comprendra tous les grades d’Écossais, tous Ecossais possibles et ce qui y est relatif. Le grade de réception dans cet Ordre est celui de Grand Élu Ecossais.

Le Troisième Ordre comprendra tous les grades de Chevalerie et ce qui y a rapport. Le grade de réception dans cet Ordre est celui de Chevalier d’Orient.

Le Quatrième Ordre comprendra le Rose Croix et ce qui est relatif. Le grade de réception dans cet Ordre est celui de Souverain Prince Rose-Croix qui en est l’aboutissement.

Ce n’est pas tant un rite qui a été « inventé » mais un référentiel le plus unitaire possible pour les loges, reprenant les grades le plus souvent retrouvés. C’est celle du premier rite officialisé (pas encore sous son nom actuel) par le Grand Orient de France dans la période de 1783-1786, publié dans le régulateur de 1801. C’est dire que l’histoire de ce rite est intiment mêlée à celle de sa juridiction tutélaire.

Il faut dépasser la seule intention de bâtir un système de référence dans lequel on classera dans quatre tiroirs des grades éparpillés.

Cela permettait aux maçons porteurs de ces différents grades de se reconnaître dans une même classe et à travers eux, les loges ou chapitres auxquels ils appartenaient.

Ainsi, la volonté du GO de l’époque était avant tout, un projet fédérateur des Francs-Maçons allant au delà de leurs pratiques respectives et sous-jacente, une volonté de s’imposer dans le monde maçonnique.

Cette dernière considération n’est pas anodine car elle facilitera la compréhension de la désuétude des hauts grades du Rite Français, quelques années plus tard, au profit du Rite Ecossais Ancien et Accepté, porteur d’une « dynamique » correspondant mieux aux attentes des Maçons de l’Empire, que l’on ne pouvait laisser échapper et se poser en rival du GO.

Puis d’accord en désaccord, au fil des ans et des bouleversements politiques, dans le partage le GO se cantonnera, in fine aux grades symboliques, malgré l’intermède du Chevalier Rose Croix, vestige de son système Français.

Il laissera au Suprême Conseil l’administration des autres grades. Cette trace historique se retrouvera jusque dans la seconde moitié du XXe siècle où on accédait au Suprême Conseil en passant directement du 3ème au 18ème grade pour la juridiction mère.

On a le sentiment que cette création n’a jamais répondu a une nécessité de pratique bien qu’étant l’objectif annoncé, mais qu’elle répondait à la volonté de proposer sinon d’imposer, un outil universel pour toute la maçonnerie.

Il faut également relever que de nombreux Chapitres continuèrent à pratiquer certains grades qui n’étaient pas dans la récente nomenclature à coté de cette nouvelle formulation. Vous l’avez deviné, le monde maçonnique est tout de simplicité

Deuxième partie

Cette volonté fédératrice se retrouve dans la définition historique du 5ème Ordre : il comprendra tous les grades physiques et métaphysiques et tous les systèmes, particulièrement ceux adoptés par les associations maçonniques en vigueur.

Cette disposition se traduira dans 9 chemises regroupant 81 grades afférents non seulement aux grades correspondants aux 4 ordres, mais incluant des grades au-delà du Rose Croix.

Cette disposition n’est pas un simple fourretout mais un classement raisonné. D’ailleurs, une 10ème chemise regroupait un certain nombre de grades en attente de classement, outre les grades du REAA non inclus dans l’Arche du Rite.

En effet, l’interrogation subsistera sur les intentions réelles des codificateurs. Pourquoi qualifier cette arche de 5ème Ordre, si son unique fonction devait être réduite à une bibliothèque ? Un élément de réponse se trouve dans sa seconde fonction comme bureau de la correspondance, souvent occulté, car d’existence éphémère et qui disparaitra lors de la fusion du GCGDF avec le GO avec l’apparition du Grand Chapitre Métropolitain.

Cet embryon de Chambre d’Administration a été reconduit par le GCG du GO en 1998 sans toutefois qu’il soit dévolu au 5ème Ordre.

Les aléas de l’histoire et le « tumulte » de la vie maçonnique ont-ils empêché que le 5ème Ordre – annoncé et ébauché dans les premiers règlements de 1784-86, puis balbutiant au temps de l’Empire – n’atteigne sa maturité et trouve une place et une fonction pérenne dans la suite des quatre Ordres de Sagesse ?

Il est également possible que la vocation du 4ème ordre à couronner la démarche « initiatique » des Ordres de Sagesse en qualité de « nec plus ultra », a participé à cet inachèvement et son volet administratif est exercé aujourd’hui par la 4ème Ordre dans plusieurs juridictions.

Le Grand Chapitre Métropolitain successeur de l’éphémère GCG de France, n’aura pas eu le temps d’éprouver son administration du fait de son intégration au sein du Grand Orient, puis de la césure révolutionnaire et enfin de l’arrivée, au 19ème siècle d’un autre rite de hauts grades issus des mêmes sources Écossaises. Cela faisait beaucoup.

Le 5ème Ordre n’a pas été envisagé, à l’origine comme portant un contenu initiatique. Bureau de la correspondance et conservatoire des grades Ecossais, tel il était défini.

Cette absence laisse le Rite Français sans un chapeau historiquement codifié et reconnu comme tel par chacune des structures qui le mettent en œuvre.

Il est établi qu’aucune codification historique d’un usage spécifique, n’a vraiment existé au regard des documents publiés et n’a pu de ce fait, être transmise à contrario des 4 Ordres jusqu’à la disparition du Grand Chapitre Métropolitain.

Il est avéré que les Ordres de Sagesse ont bien été communiqués historiquement à une juridiction Portugaise qui pratique depuis 1804 les 4 Ordres dans une forme équivalente aux textes historiques hexagonaux. Il s’agit du Grand Chapitre Lusitanien.

Cependant, pour ce qui concerne le 5ème ordre, la problématique reste, semble-t-il, entière puisque cet ordre ne pouvait à cette époque être transmis car ne possédant pas, alors, une quelconque codification rituelle.

Le seul rituel historiquement annoncé fut adopté en 1808 précisément – c’est celui du Chevalier du Soleil, 72ème et dernier grade de la 8ème série et 28ème degré du REAA. Sans autre précision sur sa mise en œuvre, sinon qu’il servit à la réception des prosélytes.

Il ne présente pas la synthèse d’un grade de la 8ème série, en cohérence, avec les quatre premiers ordres. Mais serait plutôt en cohérence avec ceux de la 9ème série.

Adopté dans la précipitation plus que par réflexion, devant la pression écossaise, son contenu est certes intéressant, mais il ne règle pas la problématique du chapeau du rite et du positionnement par rapport aux autres pratiques. Un seul des usages actuels recensés y fait référence.

Par la suite et peu de temps avant que le 5ème ordre ne rendît l’âme, le choix s’était-il porté sur celui de Chevalier Kadosch, 30ème du REAA ? Aucune trace de cet usage cependant n’apparaît à ce jour dans les archives publiées.

JM Ragon, de son coté, a publié dans un livret, (et semble-t-il rédigé) une version dite philosophique assez différente et bien tardive (1861).

Notons que ce rituel, fut mal évalué par Ragon, au point qu’il en écarta l’échelle, jugée par lui, comme donnant un spectacle dégradant.

Ce rituel porte le titre audacieux de « nouveau rituel de Kadosch grade philosophique 5ème et dernier degré du Rite Français avec en sous-titre : remplaçant le 30ème degré templier du Rite Ecossais. On connaît la suite quant au remplacement. On notera qu’il ne s’agit plus de 5ème ordre mais de 5èmedegré.

Ce sera le dernier acte de l’histoire en 1821 quand le Grand Chapitre Métropolitain demanda… la patente pour l’exercice du 30ème grade au REAA !!…

Que de mémoire perdue alors que le 5ème Ordre contenait au sein de ses 81 grades une formulation primitive du Kadosch avec le Grand Elu de Londres qui aurait pu servir d’assise à une synthèse avec d’autres écritures du grade. Mais en matière d’écriture, Roettiers de Montaleau père n’était plus là…

En 1823 le Grand Chapitre Métropolitain disparaissait en devenant de façon incompréhensible le Chapitre des Gaulles sous la forme d’un aéropage de Chevaliers Kadosch, sans grande trace de son activité et de son lustre d’origine.

Ainsi, l’histoire se termina et à l’heure actuelle aucun document n’a été exhumé des archives Russes démontrant l’usage du Kadosch et surtout l’inscription de cette pratique dans la continuité des 4 Ordres.

La question de la réactivation du 5ème Ordre s’est posé, dans les années 90. Il convient de souligner que dès 1995 une assemblée indépendante qui ne s’appelait pas encore Provence Fidélité s’appuyant sur la logique des 5 Ordres et sur les règlements de l’époque, s’était penchée sur la nécessité de cette reconstruction et sur le besoin d’une pratique rituelle.

Respecter la Tradition, c'est inventer la nôtre! C'est exactement ce qu'ont fait nos Anciens, je dois compléter que nous avons osé pour ce qui concerne le 5èmeOrdre. Mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir : qui peut revendiquer sérieusement une transmission historique de l’une des différentes pratiques de cet Ordre?

Toutes les écritures déambulant dans les allées de la Sagesse sont de facture contemporaine. Elles s’inspirent plus ou moins de grades préexistants : que ce soit la fugace pratique du Chevalier du Soleil, seule désignée dans les minutes du 5ème Ordre.

Ou alors, l’inspiration des Sublimes Philosophes Inconnus - grade de la 9ème série - sans aucune preuve d’usage historique, pour habiller un Chevalier de la Sagesse fraîchement apparu.

Le 5ème Ordre traduit les aléas de son histoire, ainsi on le retrouve aujourd’hui segmenté en une, deux ou trois classes.

Ses rituels sont différents selon les juridictions et d’inspirations variées : ils vont du Chevalier du Soleil, en passant par le Chevalier de l’Aigle blanc et noir suivi du Chevalier de la Sagesse, ou le Chevalier de l’Etoile d’Orient, ou enfin la réception se pratique avec un rituel d'écriture contemporaine - il en existe plusieurs - tel celui employé lors de la réactivation du 5ème Ordre au Grand Orient. (Provenant du Sublime Conseil Provence Fidélité).

Les décors varient également : ils vont du signe distinctif sur le sautoir du 4ème Ordre au seul sautoir blanc en passant par le tenue complète: sautoir tablier et gants. Il en va de même des titres.

Il nous a paru intéressant et sans doute est-ce téméraire, de tenter une synthèse sur laquelle nous pourrions nous arrêter. Mais cela sans aucune illusion de faire changer les « majors » et même tous les autres.

Pour aller modestement dans ce sens, partons de ce que nous connaissons historiquement de cet Ordre.

-La couleur blanche décorant la salle de réunion.

-Rien n’indique que nous soyons dans un temple.

-Le terme d’Arche apparait désignant un coffre contenant les 9 chemises des 81 grades.

-Ce Coffre est disposé au centre du lieu de réunion.

- Etant dans une salle indifférenciée on peut supposer qu’une table est à son centre.

-La marche pour arriver à la salle est circulaire sans que pour autant on décrive une quelconque table ronde, mais rien ne s’y oppose.

-Quant à l’appellation du 5ème Ordre apparaît en 1811 le titre de Suprême Conseil. Le titre de Sublime Conseil n’apparaît pas.

-Le 5ème Ordre est subdivisé en deux classes : le conseil des 9 et la classe des prosélytes.

-Seule distinction, le bijou qui est aujourd’hui décrit sur un ruban blanc moiré simple pour la 1ère classe des prosélytes, on ajoute un liseré d’or pour les membres du conseil des 9. Les décors seront ceux de RC .

-Un « travail» est demandé, appelé proponenda, aux futurs prosélytes. Il se fera sous forme de questions et de réponses écrites du candidat.

-La première annonce tardive d’un rituel de réception et sans doute de tenue sans autre précision sur la pratique lors des réunions de travail. Il s’agit du Chevalier du soleil 28ème degré du REAA alors constitué. Ce grade qui existait depuis plus d’un demi siècle et se trouvait déjà inclus dans le rite de Perfection. Par contre les décors de ce grade ne semblent pas utilisés.

-Aucun rituel n’apparaît pour la seconde classe du Conseil des 9

-Les officiers sont les suivants : un Président généralement le TS des TTSS. Un surveillant pour les deux colonnes placées au milieu face au président. Un expert à la place de l’Orateur. Un Secrétaire et un Maître des Cérémonies. (C’est sur la base des offices du Chevalier su soleil).

-Les prosélytes n’auront pas accès aux rituels de la 9ème série.

-Un modèle de bref est proposé.

-Proposition de constituer une instance qui aux côtés du GCM conférerait et gèrerait les grades au-delà du RC.

Et cela débouche sur une décision importante : « le conseil s’arrête à la proposition de conférer ces grades en 5ème Ordre au FF qu’ils en trouveraient dignes... »

Le 5ème Ordre ne se limitera plus à recevoir les FF Chevaliers du soleil pour étudier les hauts grades, maintenant il les conférera.

Quel pourrait être le profil d’une pratique que nous pourrions aménager sur la base et l’adaptation des éléments historiques ? C’est ce que je vous proposerais prochainement

Troisième partie 

Pour ponctuer la réflexion à partir des deux textes que vous avez reçu, je vous propose en guise de conclusion différents points dont nous pouvons débattre et s’ils obtiennent votre assentiment, éventuellement adopter.

Ces propositions ont pour but de rapprocher au mieux nos usages de ceux décrits dans les minutes relatant les réunions du 5ème Ordre.

Le 5ème Ordre déjà dédoublé en 2 classes prend la dénomination d’Arches et non plus de grades.

Le 5ème Ordre ne rajoute pas de degré au Rite Français qui reste historiquement fixé à 7 degrés, auxquels s’ajoutent les deux Arches du 5ème Ordre.

Identification de 9 officiers généraux représentant le Conseil des 9 inclus dans la seconde Arche.

Le lieu de réunion est une salle sans dénomination, tendue de blanc, sans orientation.

Une table siégeant au milieu supporte un coffre représentant l’Arche du Rite. Cette Arche est censée contenir les manuscrits des 81 grades.

Un travail sera demandé pour la seule admission à la première Arche.

Le 5ème Ordre ne s’inscrivant pas dans la continuité des 4 Ordres propres au Chapitre, il aura vocation à réunir des membres issus de chapitres différents, voire de rites différents à la condition qu’ils soient en correspondance de grade. On peut envisager pour ces membres un statut de membre associé.

La dénomination de Suprême Conseil, la seule à être identifiée dans les minutes du 5ème Ordre pour désigner cette assemblée. Nulle part n’apparaît celle de Sublime Conseil. Toutefois, il faut considérer la connotation Ecossaise de cette appellation qui n’était pas aussi forte à cette époque.

Historiquement, aucune pratique n’apparaît hormis celle du Chevalier du soleil. Une patente avait été demandé du Suprême conseil pour le Kadosch en 1821. Ainsi, ce grade est confirmé dans la pratique actuelle aux côtés de la partie historique de Provence Fidélité constituant les 12 clefs de la première Arche, avec le titre de Chevalier de l’Aigle blanc et noir. Pour la seconde Arche, aucune pratique rituelle n’apparaît et d’ailleurs elle ne semblait pas en avoir. Force est d’écrire un pratique


Le 5ème Ordre laisse un goût d’inachevé et pour son malheur, la porte était grande ouverte à tous pour mettre en scène cet Ordre en suivant plus ou moins les données historiques.

Il serait injuste de porter la seule cause de cette évolution sur les années de trouble révolutionnaire et d’interruption de l’activité maçonnique. La transformation du GCG de France en Chapitre Métropolitain avec son intégration au GO donc sa perte de souveraineté ont joué un rôle non négligeable et cela était prévisible.

Les hauts grades n’ont à mon sens, jamais été une finalité ou n’ont jamais représenté un intérêt majeur pour cette juridiction qui ne recherchait qu’à établir son hégémonie sur le monde maçonnique de l’époque, fut-ce en contrôlant le mouvement Ecossais et en sacrifiant ce qu’elle fit, le rite auquel elle faisait et fait encore référence. Les efforts entrepris vers 1806 sont arrivés trop tard pour redresser la barre.

Le Rite Français est bel et bien et il restera un rite historiquement inachevé.

Avec le Chevalier de la Sagesse, nous avons entamé le développement d’une réflexion afin d’augmenter la consistance et le liant du corpus symbolique des Ordres précédents. Il est heureux que notre Rite se soit retrouvé couronné par la Sagesse à la préférence de la perfection qui reste l’outil de la première.


Jean-Pierre Duhal, 5ème Ordre, Chevallier de la Sagesse, Grade 9 et dernier du Rite Français des Modernes, Souverain Grand Inspecteur Général, 33º du Rite Écossais Ancien et Accepté. Fondateur du Sublime Conseil “Provence et Fidélité”, Membre Fondateur du Ve Ordre et, Passé Très Sage et Parfait grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale du Ve Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.